Comment se justifient les prix de la la vanille issue des outre-mer français ?
La remarque est fréquente : la vanille issue des forêts de La Réunion notamment, est caractérisée par un niveau de prix généralement supérieur à celle que l’on achète ailleurs.
Il y a bien entendu des explications, et les voici.
Quels sont les hommes et les femmes qui récoltent la vanille ?
C’est sans doute le plus important. La vanille provenant de l’étranger est très souvent issue de pays où les revenus des agriculteurs sont dérisoires. Prenons Madagascar, par exemple. Le « SMIC » Malgache est désormais à 50 € par mois. Non, vous ne rêvez pas. Certes, les agriculteurs propriétaires de leurs terres et qui dont la production échappe aux voleurs peuvent s’en sortir un peu mieux, et bénéficier d’un boom du prix mondial de la vanille, mais on est clairement dans un autre univers. Dans l’outre-mer français, les producteurs peuvent se rémunérer dignement, même si, quand on se rend sur leurs plantations, il est toujours clair qu’ils travaillent dur et qu’ils ne roulent pas sur l’or. Il nous semble d’ailleurs important de se méfier de la mode actuelle du « commerce équitable ». On peut augmenter les revenus des producteurs locaux, la réalité reste que presque rien multiplié par deux ou trois, ça reste toujours presque rien. Cette affirmation se vérifie facilement sur le tableau fourni par Alter Eco, ci-dessous. Dans les pays concernés par le commerce équitable, la marge du petit producteur passe de 2 à 3%.
En conséquence, n’est-il pas plus équitable d’acheter dans l’outre-mer français ?
Vanille bourbon, vanille bourbon réunion, quelle différence ?
Quand les plants de vanille, en provenance du Mexique, sont arrivés dans l’océan Indien, c’est dans l’ile Bourbon (ancien nom de La Réunion) qu’ils ont été acclimatés. C’est là qu’est né le nom « vanille bourbon ».
Dans les années soixante, flairant la bonne affaire, des producteurs ont implanté cette vanille à Madagascar, le nom n’ayant jamais été déposé. C’est pourquoi aujourd’hui, quand on trouve une étiquette « vanille bourbon » sans autre mention, c’est systématiquement de la vanille malgache, produite dans des conditions économiques et sociales souvent terribles.
Vanille conventionnelle, vanille bio…
Ce sujet est mieux connu. La vanille conventionnelle peut être produite dans n’importe quelles conditions, sans cahier des charges, ni exigences particulières. Tout peut arriver, et pas forcément le meilleur.
La vanille cultivée en agro-foresterie, pousse en forêt, en pleine nature. Elle peut être bio, mais ce n’est pas obligatoire.
La vanille bio cultivée dans les outre-mer français respecte le cahier des charges du label français de l’agriculture biologique. Mais à l’étranger, ce n’est plus la même chose. Les cahiers des charges de l’agriculture bio sont ceux des pays concernés, qui sont plus ou moins laxistes.
Vanille cultivée sous ombrière et vanille cultivée en agro-foresterie : ça change quoi ?
Comme le montrent les photos ci-dessous, ça change tout. La vanille cultivée sous ombrière permet des rendements élevés : tout est à portée de la main. C’est un système de culture intensif, qui permet aux producteurs de maximiser la production sur un petit espace. Un document du CIRAD accessible ici permet d’avoir une vision assez complète des choses.
Il faut être très clair : dans les outre-mer français, il existe des cultures de vanille sous ombrière. Mais tous les producteurs ne s’en vantent pas. Quand un producteur évite les termes d’agro-foresterie, de sous-bois ou de pleine nature, il y a fort à parier qu’il produise sous ombrière !
En agro-foresterie (culture en sous-bois, en pleine nature), la vanille est cultivée en forêt. Ce n’est pas du tout la même approche, ni le même travail. Ni évidemment la même maturité, le même développement de parfums qu’une vanille en production intensive !
Et tout le reste : conditions de séchage, stockage…
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les conditions de séchage et de stockage. Très fréquemment, la vanille de Madagascar moisit, et surtout, en général, il faut l’inciser car une très faible partie de la gousse comprend la vanilline. Pour les vanilles cultivées en agro-foresterie dans les outre-mer français, les conditions de séchage sont contrôlées avec une grande rigueur, et les gousses sont tellement meilleures, qu’en général, on peut les utiliser dans leur entièreté.
Pour vous procurer de la vanille de la Réunion en agro-foresterie, voici deux liens cliquables :
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